Dichental do chennaid cnaîme « incantation par le bout des doigts »
Dichetal Do Chennaibh est un état altéré qui est atteint en chantant ou en récitant un motif répétitif, faisant généralement appel aux dieux. C’est aussi réciter un texte répétitif pour créer une forme d’égrégore. Il a donné le nom breton kentel.
Proche du mantra : qui est un hymne sacré, une formule mystique, une incantation magique, une formule condensée, formée d’une seule syllabe ou d’une série de syllabes, répétée sans cesse avec un certain rythme, dans un exercice de méditation ou à des fins religieuses, dans l’hindouisme, le
bouddhisme, le sikhisme et le jaïnisme.
En tant que conception abstraite des aspects dont la manifestation est issue, le Dichetal Do Chennaibh est indissociable des dieux auxquels il s’identifie. Le pouvoir d’un être divin réside dans son nom, dans sa formule, qui est le moyen par lequel l’adorateur peut établir des contacts avec le dieu et c’est à l’aide de ces sons que Sa présence devient réelle.
Les formules verbales peuvent se présenter sous la forme monosyllabique ou sous la forme d’un texte ou tous les mots commencent par la même syllabe accentuée. Elle est essentiellement rythmique et permet de redoubler, sur le plan phonique, ce que le dieu représente. C’est un appel à la divinité invoquée puisque son nom et certains de ses attributs sont cités dans ces incantations.
Par exemple en gaulois pour Bel : BELEINOS BELENOS BELINOS BELOS
BELISAMAROS BELA
« Éclatant soleil, splendide et brillant, grand très clair, brille »
En gaulois pour Belisama : KANEMI REGANI, DEONA BELLISSAMA
« Je chante la royale, Déesse flamboyante »
En invoquant le nom du chêne, précédé du nom de l’Ogham, dans les
différentes langues celtiques (gaulois, irlandais, écossais, gallois, breton) : DUIR
DERUOS, DUIR DAIR, DUIR DARACH, DUIR DERW, DUIR DERV
Imbas forosnai « très grande science qui illumine »
Incantation magique, provoquant une forme d’état altéré utilisée par les voyants pour accéder à des visions, et réservée aux filid les plus élevés dans la hiérarchie druidique, les Ollamh.
Les voyants s’isolaient totalement de toutes les entrées sensorielles, sons, lumières et sentiments. Le « file » mastiquait un morceau de viande rouge qu’il plaçait ensuite sur une pierre en offrande aux dieux, puis il faisait une incantation pour provoquer un sommeil onirique. Le lendemain, il devait refaire deux incantations, il plaçait les paumes de ses mains sur ses joues et restait ainsi jusqu’à ce qu’il s’endorme. L’imbas forosnai prend parfois la forme d’une prophétie : « Medb, la reine du Connaught, se prépare à envahir l’Ulster quand elle rencontre une femme qui dit s’appeler Fedelm et venir d’Écosse, où elle a appris la « science des filid ». La reine, s’étant assuré que la femme connaît la science des illuminations, l’interroge sur l’issue de son aventure militaire. À trois reprises, Fedelm lui prédit la défaite, mais Medb refuse de croire la prophétie ».
Glam dicinn « malédiction extrême »
Satire qui, du seul fait qu’elle soit prononcée, suffit à provoquer l’évènement qu’elle annonce, avec toutes ses conséquences. La satire atteint indifféremment un guerrier, un roi, une reine ou un individu quelconque qui refuse de se plier à la volonté de l’incantateur. Le sort, les éléments naturels se
liguent alors contre la victime. Le glossaire d’O’Davoren dit bien que « se tenir sur un pied, n’utiliser qu’une main et se masquer un œil est la position à avoir pour faire le glam dicinn ». Si la mort frappe la victime, elle peut, si elle est injuste se retourner contre celui qui l’a proférée.
Teinm laegda « illumination du chant »
Il nécessite de mettre le pouce dans la bouche… De toucher un homme, un animal, ou une chose à propos desquels la question était posée puis de chanter une invocation
Teinm Laegda est un état atteint par la relaxation et la clarification de l’esprit dans un environnement rituel. Cela impliquait généralement d’utiliser une sorte d’outil magique tel qu’un couteau, une épée ou un bâton. Parfois, le druide devait toucher le sujet (s’il était vivant, généralement sur la tête) ou
manipuler directement un objet pour découvrir quelles connaissances secrètes y étaient contenues. Ces informations peuvent être des événements de la vie passée d’une personne, une histoire détaillée de qui et de ce qui est arrivé à un objet ou même comment et pourquoi le sujet a été enchanté. Un flux spontané d’informations et / ou de vers poétiques pourrait accompagner le premier
contact.
La geis « obligation ou interdit »
Assez courants dans les récits irlandais, on les trouve sous le nom de tynged dans les mythes gallois. Un geis n’est pas forcément négatif, et a force de loi.
Le druide prononce l’incantation à la naissance du futur guerrier ou lors de son apprentissage militaire. Au cours de son existence le roi ou le guerrier se trouve dans l’obligation d’enfreindre les interdits le concernant, sous peine de perdre son honneur, c’est l’annonce de sa mort prochaine. La violation de la
prescription provoque la mort violente du guerrier.
Seul un druide a le pouvoir de lever un geis.
Ces geis sont très divers ; tantôt c’est un guerrier qui reçoit la défense de dire son nom à un adversaire ; Mael Duin ne peut emmener trois compagnons en sus d’un nombre déterminé par un druide ; il était interdit à Noïsé de venir en Irlande, en temps de paix sauf avec trois hommes : Cûchulainn, Conall et
Fergus. Fergus avait reçu pour loi de ne jamais refuser une invitation et de ne pas quitter un festin avant qu’il ne fût terminé. Cûchulainn était obligé de ne jamais passer près d’un foyer sans s’y arrêter et y accepter à manger ; il lui était interdit de manger du chien.
~ Dianann