Legendes du Loiret

loiret, Order of Bards, Ovates & Druids.

Fées et bonnes Dames

Fées, bonnes dames, demoiselles, dames blanches ou sorcières, le légendaire de notre département est peuplé de toute une kyrielle d’êtres féminins plus ou moins sympathiques.

Parmi les dames bénéfiques, Jean de Meun, dans le Roman de la rose, évoque une Dame Habonde, sorte de déesse de l’abondance qui court la nuit escortée de bonnes dames ou de fées. À Tavers on garde encore, à la fin du XXe siècle, le souvenir d’une autre fée : « Une légende rapporte que tous les soirs, la fée Houlippe sortait des brouillards de la Loire, sur un char léger traîné par deux colombes et allait jusqu’à l’endroit où est plantée la croix Houlippe puis retournait dans les brumes du fleuve, ». Jules Doinel transforma cette naïade en une déesse protectrice des récoltes
Les fées aiment à danser et c’était notamment le cas près du pont de Dordives où « les habitants tiennent par tradition, que c’est le lieu où les fées s’assemblaient pour danser les nuits ». D’autres préfèrent travailler et ont oeuvré à plusieurs constructions dans le département tels le pont et la tour de Beaugency, le Chemin de César, les clochers de Fay-aux-Loges, Pithiviers-le-Vieil, Ferrières et Mareau-aux-Bois. rentrée d’une de leurs demeures était naguère visible en forêt de Chanteau. Par contre, elles travaillent uniquement la nuit et ont horreur d’être surprises par le lever du jour. C’est pour cette raison que le pont de Beaugency n’est pas droit et qu’il manque une pierre au clocher de Mareau-aux-Bois.

Une excavation existait naguère en forêt de Chanteau qui n’était autre que l’entrée d’une de leurs demeures et l’on pouvait voir sur une des pierres voisines les traces que ces dames avaient laissées de leurs ongles, dans leur précipitation à échapper aux premières lueurs de l’aurore. Le Château de Chamerolles fut bâti par une fée qui, éprise de Lancelot du Lac, perdu dans les bois, lui offrit ce beau manoir. Paul Domet, en 1892 et 1896, tout en se montrant étonné qu’il y ait peu de traces en Forêt d’Orléans de sorciers et de fées cite les lieux dits du “Poirier à la Demoiselle” au Moulinet-sur-Solin et du “Marchais à la Demoiselle” à Fay-aux-Loges, en précisant : “C’est le nom par lequel on désignait, fréquemment les fées, au temps où il en existait”.Une excavation existait naguère en forêt de Chanteau qui n’était autre que l’entrée d’une de leurs demeures et l’on pouvait voir sur une des pierres voisines les traces que ces dames avaient laissées de leurs ongles, dans leur précipitation à échapper aux premières lueurs de l’aurore. Le Château de Chamerolles fut bâti par une fée qui, éprise de Lancelot du Lac, perdu dans les bois, lui offrit ce beau manoir. Paul Domet, en 1892 et 1896, tout en se montrant étonné qu’il y ait peu de traces en Forêt d’Orléans de sorciers et de fées cite les lieux dits du “Poirier à la Demoiselle” au Moulinet- sur-Solin et du “Marchais à la Demoiselle” à Fay-aux-Loges, en précisant : “C’est le nom par lequel on désignait, fréquemment les fées, au temps où il en existait”..

Après les fées et les demoiselles vinrent les Bonnes Dames, qui ne sont que des personnifications populaires de « Notre Dame », les plus connues étant la Bonne Dame de l’Épinoy à

Châteauneuf-sur-Loire et la Bonne Dame de Nevoy, qui est toujours l’objet d’un pèlerinage.


Les dames maléfiques

Les dames blanches sont, elles, des personnages suspects qui n’apparaissent que certaines nuits et dans d’étranges lieux. Leur présence est attestée à Châteauneuf-sur-Loire, Gaubertin,

Sceaux-du -Gâtinais, Tavers, Lorris et au Moulinet-sur-Solin. Il y a parfois des fées maléfiques, comme celle qui sévissait, au XIIIe siècle, près du château de Chicamour à Sury-aux-Bois et qui, ayant séduit un jeune seigneur, l’entraÎna au plus profond de la forêt où ils disparurent. Entre ces méchantes fées et les sorcières il y a peu d’écart, témoins celles qui se seraient retrouvées, selon le violoneux de Chaingy, en sabbat dans le bois de Gousmat et qui semblent beaucoup plus diablesses que fées. Si l’on s’éloigne du légendaire, chacun sait qu’il existait également des sorcières en bien des villages. Les enquêtes effectuées au milieu du XIXe siècle dans le Loiret montrent que l’on croit encore beaucoup aux sorciers, devins et revenants. Les sorcières ont, en principe, le pouvoir de provoquer le mal, d’ensorceler, mais parfois leur action peut être bénéfique.

Ainsi, en 1859, le curé de Chaingy signale qu’ « une sorcière émérite assure les conscrits pour le tirage de la conscription et s’engage à leur faire obtenir un bon numéro». Ces croyances ont perduré parfois encore près d’un siècle. En 1941, le rédacteur de la monographie communale de Dampierre-en-Burly écrit : “quelques vielles femmes connaissent encore le Grand Albert et quelques pratiques de sorcellerie, maintenant terminées”.


Mégalithes


La Pierre aux Fées. Menhir néolithique, faisant partie avec la Pierre du Gros Vilain, sur la commune de Paucourt et le Menhir de la Chaise ou Pierre de Minuit, sur la commune de Louzouer, de la trilogie des mégalithes de la Forêt de Montargis et de ses abords.

Pour leur part, les mégalithes qui virent ou qui tournent, alors que s’égrènent les sonneries de cloches de la messe de minuit ne sont pas nécessairement liés aux fleuves. Un des plus célèbres du Loiret, le dolmen de la Feularde, dit “pierre tournante”, à Tavers n’en est, cependant, pas très éloigné. À l’autre extrémité de l’Orléanais, à Lion-en-Sullias, existe également une pierre étrange, aux allures de batracien, appelée “la pierre Crapiaud” qui, quant à elle, à cet instant précis, va boire en Loire.

Les deux pierres en bougeant découvrent des trésors qu’il est bien dangereux de se risquer à s’approprier. Une légende raconte aussi, que dans des temps anciens, des esprits maléfiques retenaient prisonnière une belle princesse à l’intérieur de la butte sur laquelle se trouve aujourd’hui le château de Gien. Durant ces fameux douze coups de minuit le maléfice était rompu et les aventuriers pouvaient alors tenter de la délivrer.


Animaux fantastiques

Des “Chiens” aux “Guêpins”. A propos des “Chats de Beaugency”, deux origines légendaires s’affrontent. L’une relate la transformation d’une petite chatte en belle jeune fille offerte par Vénus au prince Balgénor fondateur de la ville. L’autre, moins romanesque, est liée à la construction du pont par le diable. Une double interprétation existe aussi pour les “Ânes de Meung”. L’une flatteuse voudrait que les Magdunois aient sauvé les Orléanais en les fournissant en farine, grâce à leurs ânes, durant la famine.

L’autre, plus mythologique, dit que les habitants de Meung ayant battu à mort l’âne de Silène furent punis par Bacchus et transformés en ânes. Les surnoms des habitants d’Orléans ne sont guères plus élogieux, celui de “Chiens” fait allusion au tragique épisode des Pastoureaux (1251) au cours duquel les bourgeois orléanais laissèrent massacrer, sans mot dire, les clercs de l’université et celui de “Guêpins”, dans lequel de nombreux auteurs ont voulu voir la subtilité et l’habilité verbale des orléanais, signifie plus sûrement : méchants et piquants comme la guêpe ! Une louve monstrueuse. Concernant les animaux semi-légendaires, certains récits comme “le Chien de Montargis”, la “Vache à Colas” ou la “Bête de Chaingy”, seraient nés de faits historiques. La justice rendue par le chien qui mystifie celui qui a assassiné son maître est le thème d’une chanson de geste connue dès le Moyen-âge. Les Montargois se sont appropriés cette légende en l’immortalisant par une tapisserie et une statue. “La Vache à Colas” rappelle un événement qui se serait produit en 1605 à Chécy : une vache s’étant introduit dans la temple de Bionne, au moment du prêche fut tuée par les protestants et mangée.

La “Bête de Chaingy” est une louve monstrueuse qui, en 1814, se rua sur des femmes et des enfants ramassant du bois, en dévora deux et en blessa grièvement huit autres. Ce terme de “Bête” se retrouve dans d’autres noms de ventes de la forêt d’Orléans à Lorris, Montereau ou Vitry-aux-Loges. Beaucoup plus sympathique est la légende du pont de Marcilly-en-Villette, laquelle relate comment un chien sauva la vie de quatre enfants durant l’hiver 1354.

Un boeuf extraordinaire. Enfin, d’autres légendes de notre département mettent en scène des animaux fantastiques. Ainsi, à Châteauneuf-sur-loire, à minuit durant la nuit de noël, trois dames blanches apparaissent au milieu de la motte de l’ancien château de Chalençois accompagnées d’un énorme mouton ayant parole humaine. A Montbouy, c’est un boeuf extraordinaire qui garde le trésor des ruines de Craon, crachant des flammes et écrasant de ses sabots d’airain tous ceux qui s’en approchent.

A Ouzouer-sur-Trézée, chaque année pendant la messe des Rameaux, une poule noire (sans doute le Diable) sort de terre, au milieu des ruines du manoir du Cordilier, tandis qu’à Ousson, un trésor se découvre dans le bois du Greffier, gardé par des milliers de vipères. Ce thème du serpent est bien sûr à rapprocher de l’histoire de saint Liphard à Meung-sur-Loire et du dragon de Béraire à La Chapelle-Saint-Mesmin. Et rien ne vaut un dragon pour clore la présentation de fabuleux bestiaire, témoignage de la richesse de l’imagination humaine.

St Jean

Des pratiques rituelles et symboliques. Mais c’est seulement au XVIIe siècle que les feux furent bénis et allumés par le clergé. De nombreuses croyances populaires sont restées cependant attachées à ces “feux de la Saint Jean”, notamment celles de la conservation des charbons de bois qui étaient censés protéger de la foudre, des cendres qui avaient croyait-on des vertus curatives et fertilisatrices ou encore du saut porte-bonheur au-dessus du brasier. Outre ces superstitions directement liées au feu de Saint Jean, cette date donnait lieu à d’autres pratiques rituelles et symboliques.

Ainsi, à Tavers, vers 1900, on garnissait les fenêtres, le 23 juin, d’une branche de noisetier afin de protéger la maison contre la foudre. On pensait que l’eau de pluie, tombée le 24 juin, avait des propriétés curatives : en Gâtinais, par exemple, les laveuses, pour combattre les canetis (herbes aquatiques), versaient dans leurs lavoirs l’eau tirée du puits le matin de la Saint Jean, avant le lever du soleil. Les herbes et les fleurs de la Saint Jean avaient, elles aussi, des vertus soi-disant remarquables à condition qu’elles soient cueillies avant l’aube.

Des fêtes totalement profanes. La bryone blanche, l’aconit ou la grande marguerite dites “herbes de la Saint Jean” étaient recommandées pour le traitement de la phtisie (tuberculose pulmonaire) pour laquelle on invoquait d’ailleurs saint Jean. Il était également coutumier de faire résonner les cloches. Ces carillonnements intempestifs sont mentionnés, au XVIIIe siècle, par le prieur de Sennely qui dénonce le fait que les villageois tirent les cloches sans s’arrêter durant toute la nuit du 23 au 24 juin “pour chasser croient-ils les sorciers et les sorcières”.


La tradition du “feu de Saint Jean” avait quasiment disparu durant les ” Trente glorieuses ” (1945- 1975). En 1982, elle ne subsistait plus que dans quelques localités comme Attray, Auxy, Chemault, La Chapelle-Saint-Mesmin, Saint-Jean-de-la-Ruelle, Sennely ou Tavers.

Etonnamment, c’est la “Fête de la musique” qui indirectement lui redonna un véritable élan. Partout, des feux renaquirent. À quelques rares exceptions ces fêtes, aujourd’hui célébrées dans une quarantaine de communes du Loiret, sont restées totalement profanes.

Brandons

Le Loiret à la lueur des brandons. Le retour du printemps voit celui de la fête des brandons. Chasse aux rongeurs à l’origine, elle regarde aussi vers le feu de la Saint-Jean pour sa fonction de fécondité et la retraite aux flambeaux pour sa charge honorifique.

Purification et protection. Purifier et protéger les récoltes, c’était originellement la fonction de la fête des Brandons. Elle avait lieu le premier dimanche de carême, dit parfois dimanche “brandonnier”. À cette occasion les enfants se dispersaient dans les champs et les vergers munis de torches enflammées où brandons et chantaient des formules incantatoires pour en chasser les rongeurs.

Thomas-Philippe Légier en 1808, en cite une, dans ses “Traditions et us de la Sologne”, ainsi que Abel Hugo en 1835, dans ses “Usages de la Sologne”. Pour la petite Beauce Jules Lenormand dans les années 1860, relève celle-ci : “Mulot sort de ton crot / Que j’te faisins brûler la piau / Mulot sort de ton crot / Je t’arracheront les os pour avoir ta piau.” Ce rite de protection était parfois doublé d’un ramassage de mauvaise herbe, notamment la nielle, que l’on amenait le soir à la veillée ou au feu des Brandons.

Les feux de l’amour. Une autre coutume consistait à faire des grands feux pour cette fête des brandons. Dans bien des endroits, le bûcher était constitué d’un arbre, le plus souvent un sapin, au pied duquel on amassait des “bourrées” ou “javelles” et à la cime duquel on suspendait une vessie de porc remplie de pétrole. Cette tradition proche du feu de Saint-Jean avait une fonction de fécondité que l’on retrouvait dans certaines formulettes de brandonnage : “Brandons, brûlez par les vignes et les blés les grands seront mariés, les petits seront fouettés”.”Bon époux, le carême Est le temps des sermons de vos amours l’emblème c’est le feu des brandons”.

Une tradition encore vivante. Ces grands feux de Brandons sont encore pratiqués notamment à Jouy-le-Potier, Poilly-lez-Gien, Trainou, Vannes-sur-Cosson. Dans certaines régions, telles le Gâtinais ou la Puisaye, ces feux avaient une fonction d’agrégation. Ils étaient érigés en l’honneur des nouveaux habitants ou pour l’arrivée d’un artisan ou d’un commerçant au pays et n’avaient donc pas nécessairement lieu durant le carême. Cette pratique des “grands brandons” en l’honneur des nouveaux venus était encore en usage il y a une vingtaine d’année dans certaines communes comme Chevillon-sur-Huillard.

St Vincent

V’là la Saint-Vincent qui viant ! Le 22 janvier une trentaine de communes du Loiret célèbrent la tradition de la Saint Vincent. Cette fête qui donne le signal de la taille des ceps rapproche profane et sacré dans un même sarment d’amour à la vigne. “Mouille-moi les dents”. “La Saint-Vincent est venue ; Faut tailler le p’tit bois tordu ; Saint-Vincent, mouille, mouille ; Saint-Vincent, mouille-moi les dents”… Cette comptine, en usage en Orléanais au milieu du XIXème siècle, explique fort bien la principale raison de la dévotion des vignerons orléanais à l’égard de saint Vincent dont la fête calendaire annonce la reprise prochaine du cycle cultural ; il est grand temps, le 22 janvier, de “se mouiller les dents” avant de retourner travailler aux vignes. L’ancien proverbe : “V’là la Saint-Vincent qui viant, Vigneron mets la sarpe au sarment” a bien la même signification. D’autres éléments ont, sans doute, contribué au choix de ce patronage.


Tout d’abord les fréquentes corrélations, notamment dans la religion chrétienne, entre le vin et le sang et ensuite les nombreux calembours possibles avec ce nom : “vin-sang”, “vincenzo”, ” vin sans eau “, “20.100.O “, etc. Le culte populaire à saint Vincent est certainement, hormis la Saint- Éloi, celui qui fut le plus répandu dans la Loiret. Au début de XXème siècle on peut estimer que 40% des paroisses honorent ce saint. Celui-ci est bien sûr célébré dans les pays vignerons: Giennois, Orléanais et Gâtinais mais aussi, ce qui peut paraître surprenant aujourd’hui, en Beauce et en Sologne où l’on trouve également des vignes, à cette époque. Il faut encore ajouter les villages où a lieu une fête laïque des vignerons dite ” la Vincent “.


L’arbre honorifique. Hormis donc dans ces dernières communes, l’élément central de la Saint- Vincent est un office religieux au cours duquel est partagé le pain bénit de Saint-Vincent, voire des pâtisseries plus originales (ovales, carons, côgnons) ou encore une galette qui est mise aux enchères. Un ou plusieurs rois (dits aussi bâtonniers) sont désignés par la confrérie et ont la charge de cette manifestation. Ceux-ci transmettent leurs pouvoirs aux souverains suivants en leur donnant une partie du pain bénit appelé généralement le “chantiau”. Une quête a lieu et vient ensuite la partie profane de la fête avec banquet et bal. Pour la “Vincent”, l’office religieux est remplacé par une conférence ou une séance récréative et le roi par un président.


Une particularité de l’Orléanais est celle du “sapin de Saint-Vincent”, arbre symbolique qui est érigé devant le domicile des rois. Ce rite, qui fut pratiqué dans une quinzaine de communes n’est pas sans rappeler ce que l’on trouve dans d’autres régions françaises avec les “arbres aux élus”. Ce sapin qui peut mesurer plus de 10 m de hauteur reste planté durant toute l’année devant la demeure royale. Bien que le vignoble de notre département soit aujourd’hui concentré sur les coteaux du Giennois et à l’ouest d’Orléans dans le secteur de Mézières-lez-Cléry et Mareau-aux- Prés, une trentaine de communes perpétuent encore cette tradition de la Saint-Vincent. Dans certaines d’entre elles : Mardié, Férolles, Chécy, on a toujours conservé (ou repris) la coutume du grand arbre honorifique.

Les lavandières

Dans la société paysanne, les grandes lessives ou buées qui ne se faisaient que 2 ou 3 fois l’an, constituaient des moments particulièrement importants. Elles étaient empreintes de tout un symbolisme et de nombreuses superstitions s’y rattachaient.


Une reine des blanchisseuses. Les propriétés de purification et de régénération de l’eau se retrouvent, bien évidemment, dans la lessive. Ainsi, les lavandières avaient-elles choisi de se mettre sous le patronage de la “purification de la Vierge” célébrée à la Chandeleur (le 2 février). Dans les villes, la fête des blanchisseuses et des lingères avait lieu lors de la mi-carême. On élisait, encore, à cette occasion, à Orléans, au début du XXème siècle, une reine des blanchisseuses qui présidait et conduisait la cavalcade. Gaston Couté, dans son poème “Jour de lessive” reprend ce thème de la lessive capable de laver les souillures du linge, mais aussi celles de l’âme.

L’alchimie du lavage, dans la société traditionnelle, reste un savoir-faire strictement féminin et les endroits où l’on lave sont quasiment interdits à l’homme. Le lavoir est un lieu de rencontre, de communication important pour la communauté villageoise féminine. La vindicte y est souvent féroce ; c’est la “gazette locale”, parfois même le tribunal populaire. C’est un lieu, comme l’atteste la tradition orale qui est également joyeux : on y plaisante, on y rit, on y chante.

La légende des “lavandières de nuit”. Mais de nombreuses superstitions posent des interdits concernant la lessive. Ceux-ci sont, le plus souvent, liés au calendrier religieux. On disait en Gâtinais : “Faire la lessive le vendredi Saint, s’est enterrer son homme en moisson”. Des croyances similaires existent, au XIXème siècle, à Tavers ou à Marigny-les-Usages. L’abbé Constant Bernois déclare en 1899, dans son manuscrit relatif aux superstitions locales dans le diocèse d’Orléans : “Il y a des personnes qui ne consentent jamais à couler la lessive le vendredi, pendant la semaine sainte ou dans l’octave de la fête Dieu”.


Cette relation, entre la lessive et la mort, est constante dans les traditions populaires, les lavandières étant souvent celles, qui sont préposées à la toilette des défunts et de leurs vêtements. Enfin, en Berry et en Beauce la légende des “lavandières de nuit”, rapporte que de mystérieuses laveuses se retrouvaient la nuit auprès des mares pour y laver les âmes des enfants morts sans baptême ou des damnés. Près d’Orléans, à Saint-Ay on raconte l’histoire d’une religieuse de l’ancien couvent de Voisins, morte, enfermée dans un souterrain et qui revient en ce lieu les nuits de pleine lune pour y faire sa lessive.

La Loire

Dragons, navigations miraculeuses, ponts du Diable, pierres tournantes, fées, dames blanches…le Val de Loire recèle un monde merveilleux de légendes propres à ravir l’imaginaire de chacun.

Le fleuve dragon. Du temps de nos ancêtres les Gaulois, le dieu Tanaris combattait déjà les serpents et les dragons personnifications des forces malfaisantes de l’eau. Le fleuve était alors, assimilé à un énorme reptile qui ondulait paisiblement mais qui subitement pouvait se déchaîner en causant de terribles ravages. Afin de supprimer ce culte populaire et les rites païens qui lui étaient attachés, le christianisme lui a substitué une kyrielle de saints sauroctones. C’est pourquoi tout au long des fleuves sont racontées les mêmes légendes de saints qui ayant tué un dragon ont, tout à la fois, écarté le paganisme, jugulé les crues et assaini le pays.

Les représentations de ces personnages sont nombreuses en Orléanais, à commencer par Saint- Benoît-sur-Loire où les chapiteaux historiés de la tour porche nous montrent saint Martin et saint Michel terrassant le dragon. Á quelques kilomètres en aval, les habitants de Jargeau honorèrent, dès l’an mil, saint Vrain en espérant que celui qui avait maîtrisé les crues de la fontaine du Vaucluse et la ” Couloubre ” qui y vivait, pourrait les protéger contre celles de la Loire. Á la Chapelle-Saint-Mesmin c’est saint Mesmin qui, traversant le fleuve, vint combattre victorieusement le dragon qui se terrait dans la grotte de Béraire. Enfin, à Meung-sur-Loire, c’est saint Liphard et son disciple Urbice qui libérèrent la contrée d’un “énorme serpent dont le corps servait en demeure au démon”.

Des navigations miraculeuses. Des légendes sont aussi fréquemment associées aux dépouilles saintes qui circulèrent sur les flots, les plus connues étant celles relatives à saint Jacques et saint Martin. Dans le Loiret il en existe trois : celle de saint Ythier venu de Nevers et dont la barque s’échoua à Dampierre-en-Burly, celle des reliques de sainte Félicule que se disputèrent les seigneurs de Gien et de Saint-Brisson et qui finalement accostèrent dans la ville de Gien dont elle est devenue la patronne. Et celle de saint Benoît dont les restes mis en sûreté à Orléans durant les invasions sarrasines (en 725), remontèrent ensuite la Loire, à contre-courant, jusqu’à l’abbaye de Fleury, dans une embarcation sans voile ni rames.

Autres sujets, les ponts, autres légendes car l’homme du Moyen-Age voyait dans ces constructions audacieuses l’oeuvre du Diable. Si ce n’était pas le cas, mieux valait de toute façon l’associer à ces constructions pour éviter que ne lui vienne l’envie de les détruire. Le pont, élément contre-nature s’il en est, était donc particulièrement exposé à ces croyances, c’est ainsi que ceux de Beaugency et de Jargeau font l’objet de récits légendaires. Comme dans la quasi-totalité des lieux où l’on trouve un “pont du Diable” (on peut en dénombrer plus de 80 en France), on y raconte que le Malin a demandé en échange de son travail, que le premier être vivant à passer sur           le pont lui appartienne mais au final il n’hérite que d’un chat.

Fontaines sacrées

Les sources et les fontaines ont toujours été synonymes de purification, de révélation, voire de guérison. On avait recours à elles pour se prémunir de certains maux ou agir favorablement sur l’avenir.

Des vertus médicinales. Il existe dans le Loiret une multitude de fontaines, dites miraculeuses, guérisseuses ou sacrées. Tous ces lieux de cultes païens ont été par la suite christianisés et placés sous la bénédiction de saints liés aux vertus reconnues de ces eaux lustrales. Souvent l’attribution de ces patronages est liée à un calembour : St Clair pour les yeux, St Aignan pour la teigne, St Eutrope pour l’hydropisie, St Genou pour les rhumatismes…

Une des principales raisons pour laquelle on se rendait aux fontaines était de garantir la santé des enfants. Pour obtenir les guérisons, il fallait tremper des vêtements de l’enfant dans la fontaine

voire y immerger carrément ce dernier. Pour la coqueluche c’était St André, pour les convulsions St Vrain, et pour la peur St Loup ! Les adultes avaient également recours aux bons saints des fontaines pour les maux du ventre, “le mal d’yeux” ou encore les maladies de la peau.

De nombreuses légendes. La quête de l’être aimé pouvait aussi être confiée aux fontaines. Pour cela, les jeunes filles devaient y jeter des épingles ou y boire de l’eau. De même, pour avoir des enfants pouvaient elles, une fois mariée, invoquer St Hué, St Antoine, St Grégoire, ou encore aller à la fontaine des Élus, à Mézières-les-Cléry, ou à celle du Mardereau, à Cléry-Saint-André. La protection des troupeaux était également confiée aux fontaines où l’on puisait de l’eau pour les animaux.

Un certain nombre de légendes sont liées à ces sources et fontaines qu’il ne fallait surtout pas profaner. Ainsi, à Bray-en-Val et à Chanteau des mécréants s’attaquèrent aux statues des saints protecteurs et connurent un triste sort. Celui ayant brisé la tête de St Eutrope fut décapité accidentellement peu de temps après Des deux autres, ayant précipité la statue de St Emérance dans l’eau puis l’ayant accrochée à un arbre, le premier mourut noyé et le second se pendit!

~ Dianann

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